(Comme) le même mot, à une nuance vocalique négligeable près, le même mot hébreu ZaKHaR dit à la fois le « masculin » et la « mémoire », l’auteur (d’un commentaire talmudique) en conclut que le mot NeQeVa qui dit le « féminin » – et qui signifie étymologiquement trou – n’est certainement pas à entendre autrement que comme « trou de mémoire ». Il plaide pour la pertinence de son propos en relevant que le corps féminin, pourvu de l’horloge biologique flagrante que constituent les règles, permettrait aux femmes ni plus ni moins que l’oubli… Il s’agit bien sûr d’une vision du monde agencée et portée par la langue hébraïque. On la retrouve pourtant dans la langue arabe – il est vrai que les deux langues sont très proches. La langue arabe désigne elle aussi le masculin et la mémoire par le même mot DKaR – notez la proximité phonétique avec ZaKHaR. Mais elle va plus loin encore en désignant les femmes par le mot NSa, qui dérive du radical ANaSa, lequel signifie « oublier » et par extension « distraire ». Serait-ce à dire que les femmes ne s’encombreraient pas du superflu, privilégiant le seul essentiel ? (…)
Aldo NAOURI, Le temps dans l’amour et la relation thérapeutique, in Conférence n°26, p. 32-33