Cynthia FLEURY, 35 ans, est philosophe, professeur à l’IEP et à l’Ecole Polytechnique de Paris.
Dans une interview donnée au Monde.fr, le 23 octobre 2010, elle plaide en faveur d’un compromis démocratique.
Elle souligne que ce serait une erreur de considérer que les élites – issues du pouvoir représentatif – sont seules légitimes. « Dans les démocraties modernes, il y a d’un côté des citoyens éclairés, des citoyens responsables, et de l’autre des élites éclairées, des élites responsables. Le dénigrement systématique ne mène à rien. La démocratie, ce n’est pas la réciprocité des mépris. »
J’admire l’intelligence et la clairvoyance de cette jeune femme. Et son engagement quand elle affirme la nécessité, pour sortir des crises dans lesquelles nous nous trouvons, de ré-inventer la démocratie. Elle cite cette très belle phrase d’Héraclite: Si tu ne cherches pas l’inespéré, tu ne trouveras rien.
Elle note, comme le fait Bernard Stiegler à sa manière [voir Ars Industrialis], que nous faisons face à une exigence de pluralité et de complémentarité des légitimités, à un impératif d’invention démocratique. Aujourd’hui, les réseaux – de trans-individuation selon le terme utilisé par Stiegler, sont des outils extraordinairement créatifs, productifs, pour alimenter une production collective, plurielle, de la raison publique et du pouvoir d’Etat. Fleury dit croire aux majorités qualifiées citoyennes qui peuvent surgir de ces réseaux sociaux, et renouveler notre exercice de la démocratie.