Le lecteur n’est pas supposé, forcément, aller bien, il se pourrait même que le lecteur aille mal, je veux dire que le lecteur n’a pas à subir l’auteur qui aurait des vagues à l’âme, des coincements existentiels, des crampes métaphysiques, le lecteur n’a pas envie de lire ça, le lecteur n’a pas à subir les lubies & les noirceurs de l’auteur quelle que soit la pertinence avec laquelle celui-ci met ses noirceurs et ses lubies dans la syntaxe, le lecteur n’a ni mérité ni recherché ça, la justesse des descriptions, la finesse des analyses, la profondeur des réflexions, la force des arguments, l’impact des images, rien de tout ça ne touche le lecteur, rien de tout ça ne l’atteint, je veux dire: l’auteur il n’a qu’à se tenir, l’auteur doit au lecteur respect en toute circonstance, (…)
Lambert SCHLECHTER, Le murmure du monde, p. 108