Nadine et Thierry RIBAULT1 rapportent qu’un de leurs correspondants, actif après Fukushima, revendique l’adoption d’une stratégie de la révolution graduelle. Notre lutte consiste à fabriquer notre propre espace autonome. L’ikki, c’est quelque chose comme ça, ce sont des actions persistantes menées sur le long terme (…).
Et l’anthropologue Masanori Oda: Contrairement à la révolution, l’ikki ne s’inscrit pas dans une grande histoire, mais dans une petite narration, une petite histoire. L’Égypte ou la France, ce sont de grandes histoires. Au Japon, nous n’avons jamais eu de révolution. La révolution nous est dictée ou montrée par les Occidentaux. A la place de ce type de révolution, nous sommes en mesure de créer cent ou mille ikki.
Cette stratégie de « la mort par mille entailles » (nashikuzushi no ikki) fait le pari que de multiples micro-transformations individuelles pourraient introduire des éléments d’irréversibilité susceptibles de modifier le système social existant.
- Les sanctuaires de l’abîme, p. 111; voir aussi ici.