Gérard Mairet, dans son petit ouvrage Nature et souveraineté, note [p. 16.] comment le mot même d’environnement trace la frontière entre l’humain et le non-humain. Alors que, précisément, comme le rappelle Michel Serres1:
Oubliez donc le mot environnement, usité en ces matières. Il suppose que nous autres hommes siégeons au centre d’un système de choses qui gravitent autour de nous, nombrils de l’univers, maîtres et possesseurs de la nature. Cela rappelle une ère révolue où la Terre (…) placée au centre du monde reflétait notre narcissisme, (…). Non. La Terre exista sans nos inimaginables ancêtres, pourrait bien exister aujourd’hui sans nous, existera demain ou plus tard encore, sans aucun de nos descendants possibles, alors que nous ne pouvons exister sans elle. De sorte qu’il faut bien placer les choses au centre et nous à leur périphérie, ou mieux encore, elles sont partout et nous dans leur sein, comme des parasites.