J’ai dévoré, dans un mouvement de lecture hallucinatoire, le très beau Rolling Stones, une biographie, par François BON (disponible en livre de poche depuis 2004).
La vie que ces gars ont menée, cette folie complète qui entraîne des jeunes à peine sortis de l’adolescence dans la provocation, la drogue, les manoeuvres irresponsables, a quelque chose de terrifiant. On se dit que, effectivement, ils ont manqué de tout: d’éducation, de formation, d’outils de pensée. Cela ne les a pas empêchés d’avoir du génie, mais toute leur vie en est marquée. Alors, ce qui les dépasse, au-delà de toutes les turpitudes, parfois fatales, dans lesquelles ils sont entraînés, ce qui excède le cadre affligeant de leurs vies personnelles, c’est la musique. Même si cette musique se charge des scories de leurs dérives, elle reste et revient avec l’utilisation renouvelée, inventive, extraordinairement moderne, des thèmes du blues du vieux sud américain, qui nous écrasent de nostalgie. La solitude, l’angoisse, la terreur des enfants abandonnés, la crainte et la violence cachée, tout y est. Il y a autant de souffrance dans les stridences des amplis poussés à fond que dans la voix des vieux bluesmen.