Pour saluer la réédition des Poésies de Jean de la Croix:
Aparta de ti las cosas que no son tuyas
(écarte de toi les choses qui ne sont pas à toi)
Apartar : paradoxalement, c’est l’acte poétique par excellence. Se dénuer dans l’émerveillement, se détacher dans l’approche. Sons inaudibles sous les feuilles, qui n’ont jamais eu d’accordeur. Regarder le monde comme si rien, jamais, n’avait été écrit. [sur le site de Remue.net]
Ce vers de Jean de la Croix évoque pour moi cette ligne de Christian Bobin, qui dit la même chose. C’est la même idée, dans toute sa brièveté, qu’il complète ici. On est bien dans ce qui fonde le geste du lâcher-prise, ce geste d’écart, qui n’est ni passivité ni abandon, mais accueil. Et qui ouvre tous les possibles.
M’éloigner assez de moi pour qu’enfin quelque chose m’arrive.
C. BOBIN, Autoportrait au radiateur, p. 64