(…) ce que Breton nomme ce « complot de forces obscures qui mène à se croire quelque chose d’aussi absurde qu’une vocation ». A quoi il ajoute: « On écrit pour chercher des hommes et rien de plus ». La lecture de cette phrase confirma en moi ce que je commençais à pressentir: on n’écrit pas pour être connu, admiré, adulé et rien n’est plus absurde et méprisable que l’ambition littéraire. On écrit pour connaître les inconnus qui puisent aux mêmes sources d’exigences et de jouvences, pour chercher l’Autre en soi (et peut-être le Soi des autres), et aussi pour « s’ajouter au monde » selon la belle expression de Jean Giono, ce qui est l’exact antipode de l’ambition littéraire. Personnellement, j’ajouterai que j’ai aussi le sentiment d’écrire pour augmenter le mystère du monde et non pour le résoudre, tâche qui incombe davantage aux savants qu’aux poètes.
Jacques LACARRIERE, Chemins d’écriture, p.24-25
Mon commentaire:
voilà d’un honnête homme; contre le flot des livres qui ne portent témoignage que d’eux-mêmes, dans l’aveuglant faisceau des ambitions ridicules.