Je note chez Bruno Pinchard:
La vibration est un aller-retour entre des termes, entre des extrêmes. Elle est un formant de la matière physique mais aussi une émotion d’une intimité absolue.
Façon subtile de signifier à la fois l’espace de partage émotionnel et l’échange vibratoire avec le monde qui nous entoure. Le chant est d’abord une transformation irréversible du silence – le monde d’après le son n’est plus le même, il a été transformé – physiquement, puisque l’on sait que, réellement, l’énergie libérée par un mouvement, une vibration infime de l’air (théorie du papillon : le rôle de la vingtième décimale dans la gestion des prévisions), peut modifier radicalement notre environnement. Le chant met aussi en mouvement (émeut) l’être intime, du chanteur et de l’auditeur.
Pinchard encore (F.Culture, 25/11/04):
La musique est ce basculement par excellence, où l’on passe de l’extrême subjectivité à l’extrême objectivité. La musique nous délivre de ce que nous pourrions avoir de narcissique dans l’expérience intérieure .
A rapprocher – analogie ou fusion ? – de la conception de la poésie de Takemoto (cité par Philippe Jaccottet) :
Ce que nous appelons alors la poésie est peut-être la présence, rendue soudain sensible, de la consonance avec l’univers.
Cfr encore le Tao – cette consonance est une pensée orientale forte.
Ma façon de travailler avec le chœur a changé progressivement. Je suis à la recherche aujourd’hui d’une approche différente : appréhender le chant comme la participation à une vibration totale préexistante. A l’image de l’émergence du poème, dans une relation tripartite étroite : compositeur, interprète, auditeur.