Je trouve absolument magnifique cette citation de Roger Vitrac, qu’André Dhôtel place en exergue de son roman Lumineux rentre chez lui.
Livre ornement
mains du moment
livre ton mal à bon escient
les paradis sont patients
Il faut lire (ou relire) Dhôtel: il y a chez lui une attention au réel qui le rend tout à fait inédit, absolument magique. Ce n’est pas de la fantaisie, encore moins de la naïveté, c’est simplement un guide pour regarder autour de nous et percevoir, enfin, le monde tel qu’il est: dans son incroyable réalité.
Voici ce que Dhôtel écrit dans son essai Rhétorique fabuleuse:
Il ne s’agit pas de savoir si certaines paroles doivent signifier quelque chose, mais d’abord de les prononcer et de leur donner une tournure et un accent. Vous parlez pour promouvoir un sens toujours arbitraire ou conforme, alors que je parle en cherchant le sens de ce que je dis, quitte à n’en pas trouver. Vous voulez m’imposer une signification tyrannique et que vous prétendez normale, acquise une fois pour toutes. Vous voulez que ça tienne, alors que je m’intéresse aux divergences et à la liberté à tous vents des phrases dans l’espoir de trouver une brise pure qui nous emporte ensemble et qui ne sera ni mienne ni vôtre, mais toute soudaine vérité.
C’est à cette toute soudaine vérité que Dhôtel nous introduit.
Il faut prendre le temps d’entrer dans ce monde qui est le nôtre. On en sort différent.