Le théâtre, c’est simple: tu t’assieds dans le noir et tu écoutes la lumière.
Christian BOBIN, Ressusciter, p. 94
Le théâtre, c’est simple: tu t’assieds dans le noir et tu écoutes la lumière.
Christian BOBIN, Ressusciter, p. 94
Les éditions Théodore Balmoral ont publié, durant l’hiver 2003-2004, un très beau volume d’hommage intitulé Compagnies de Pierre Bergounioux. Jean ROUDAUT y signe un article sous le titre Maison de jadis, demeure de toujours. Il y est notamment question de l’enfance de Bergounioux et du rapport à la maison familiale.
L’amour des maisons conduit à celui des livres: le livre est l’accomplissement de la maison; il conserve en lui son souvenir, ses recoins de poussière (…).
J’écoutais [le 12 décembre 2004] une très belle émission qui réunissait les frères Boltanski. Ils y évoquaient leur maison d’enfance; une étrange maison « en ruines » mais lieu magique des rêves, des terreurs, des plaisirs, des illusions, … Sans doute ne suis-je pas en train d’écrire un livre parce que je n’ai pas de maison d’enfance et que ce livre n’a pas (de) lieu. Comment fonder des racines sur l’absence d’un lieu originel ? Le seul que je me reconnaisse est une maison de bois, dans la banlieue de Stockholm, où j’ai connu les années les plus heureuses de l’enfance. Mais pour un temps si court !
Un peu plus loin, dans le même article, J.Roudaut poursuit:
L’enfance, ce n’est pas une période particulière dans la vie d’un homme, c’est le nom que l’adulte donne à l’île submergée où il croit avoir enfoui son secret. Dans la terre d’enfance, on a caché la mort. Le livre la révèle, sans terreur. On écrit des livres parce qu’on espère en faire des demeures pour autrui.
Il faudrait évoquer ici aussi Christian Bobin ou Charles Juliet, ou encore Jean Follain. J’y reviendrai.
Allez aussi à l’article: Le livre est une maison.
Ecoutez ici Nancy Huston:
Le 30 mai 2005, Nancy Huston publiait ce texte, dans lequel elle demandait la libération de Florence Aubenas. Très beau texte, sur une thématique qui m’intéresse depuis longtemps. Je ne trouve rien de plus effrayant que la bêtise, quand on peut résister à tout, à la cruauté, à l’ignorance, à l’intolérance. Mais pas à la bêtise, à ce que Flaubert nommait « le front de boeuf de la bêtise. »
Il y a, par aillleurs, des textes magnifiques sur la bêtise, des pensées riches. Prenons simplement ceux-ci: Stiegler, Deleuze, et puis Bobin, pour le dernier mot.
Seule une lutte contre la bêtise imposée par le contrôle du temps de cerveau disponible, càd par le populisme industriel, constitue une véritable possibilité de « réenchanter le monde »: de le rendre désirable, et par là de rendre à la raison son sens premier de motif de vivre (…): la raison comme sens de l’existence (et en cela comme sens de l’orientation).
Bernard STIEGLER, Réenchanter le monde, notamment p. 17, dans le manifeste d’Ars Industrialis. Continuer la lecture de « La bêtise »
Pourquoi voyager ? Je fais dix mètres dehors et je suis envahi de visions, submergé: je ne marche pas sous le ciel mais au fond de lui, avec sur mon crâne des tonnes de bleu. Je suffoque de tant respirer, rassasié d’air et de lumière. En dix secondes j’ai fait une promenade de dix siècles. La vie a une densité explosive. Un minuscule caillou contient tous les royaumes.
C. BOBIN, Les ruines du ciel, p. 19
Je me souviens de mon étonnement à entendre Jean Lebrun, fameux journaliste à France Culture (et France Inter), expliquer dans une émission d’hommage qui lui était consacrée, qu’il ne voyageait jamais à l’étranger. Pour lui – un homme de grande culture et de profond engagement, la France le comblait entièrement; pourquoi aller voir ailleurs, disait-il, alors que ce pays offre tant de richesses – paysages, histoire, …?
Sagesse ?