Ce sont les sens qui rendent heureux, et non l’esprit spéculatif. Voilà les fondements de la culture.
Jean Giono, Les terrasses de l’île d’Elbe
Ce sont les sens qui rendent heureux, et non l’esprit spéculatif. Voilà les fondements de la culture.
Jean Giono, Les terrasses de l’île d’Elbe
Jean GIONO, dans Les terrasses de l’île d’Elbe1 donne une merveilleuse petite introduction à cette responsabilité du « bonheur des générations futures » !
On comprend alors que le seul moyen de faire le bonheur des générations futures c’est de faire le bonheur de la génération présente. (…) surtout parce que l’usage du bonheur donne des habitudes, crée des tempéraments, produits certaines modifications dans les passions (…).
La revue Conférence présentait naguère (n°24, printemps 2007) quelques pages consacrées aux livres et à la lecture, avec des contributions de Giuseppe Pontiggia, Maurice Chappaz, François Debluë, Brian Stock.
Christophe Carraud a choisi, traduit et présenté les pages de Giuseppe Pontiggia sous le titre Livres et bibliothèques. Je ne peux que vous encourager à vous y plonger – voir le site de Conférence. L’accès à l’intégralité des textes exige de s’abonner, mais c’est une dépense largement compensée par un vrai bonheur de lecture. N’hésitez pas ! Pontiggia, écrivain, critique littéraire, admirable érudit est plein d’humour. Sa passion des livres est illustrée ici dans une suite jubilatoire de petits chapitres. Les intitulés en constituent le programme: Enfer et paradis de la librairie ancienne / Catalogues et vices / Sur l’achat des livres / Voyages aux alentours / De la fureur d’avoir des livres et de les accumuler / Bibliothèques en flammes / « Lisez-vous un livre par an ? » / Le livre comme expérience / Hesse et la bibliothèque universelle / L’utile littéraire / Le chien et la tortue / L’utile pour le lecteur / Goûteurs de livres / Lecture créative / Auteur, lecteur et non lecteurs / La réception de la littérature / Entretien éclair / L’orgueil de l’ignorance / Sur la réanimation d’un vice / Un livre pour la nuit / L’exposition d’Isis / Lire.
Il y a là 50 pages de pure jouissance pour les amateurs de livres.
Par ailleurs, profitez-en pour explorer le site consacré à Pontiggia.
Un vrai livre affecte à quelque degré ce que nous pensons et, donc, ce que nous sommes. Il change, dans une certaine mesure, le monde qui consiste, en partie, dans l’idée qu’on s’en fait, soit qu’il l’orne et l’accroisse, soit qu’il en consomme la ruine. Mais ce désastre, cette perte, si on les surmonte, peuvent être tournés à profit, se muer en richesse et en joie. Nous étions inégaux à ce qu’il y a. Nous vivions de peu. Nous ne savions pas. Nous n’étions point autant qu’il est en nous, qu’il est permis de devenir. Lorsqu’on a contracté l’habitude de chercher son bien non pas seulement auprès des choses tangibles et des êtres de chair, mais parmi les signes et les figures de papier qui les escortent et les prolongent, les exaltent parfois, et parfois aussi, les effacent, on s’expose à vivre doublement et doublement, par suite, à pâtir.
Pierre BERGOUNIOUX, Un peu de bleu dans le paysage, pp. 59-60