Il croyait comprendre maintenant le sens de la maxime selon laquelle en connaissant l’inconnaissable, on ne connaît rien de lui, mais on connaît quelque chose de nous.
Giorgio AGAMBEN, Idée de la prose, p. 16
Il croyait comprendre maintenant le sens de la maxime selon laquelle en connaissant l’inconnaissable, on ne connaît rien de lui, mais on connaît quelque chose de nous.
Giorgio AGAMBEN, Idée de la prose, p. 16
Regardez ceci: Ce n’est qu’un début
Il y a quelques jours, quand j’ai placé cette bande-annonce, je pensais ne pas y ajouter un seul mot. Parce que ce film parle de lui-même et n’a besoin, je pense, – au moins pour ceux qui l’ont vu – d’aucun commentaire. Et puis, j’y reviens aujourd’hui, parce qu’il me semble important de dire à quel point ce film, l’expérience qu’il relate, me semblent exemplaires. Certains ont pu dire que « ça, ce n’est pas de la philosophie ». J’aimerais qu’on me dise alors ce qu’est la philosophie, toute philosophie possible quand on a 3 ou 4 ou 5 ans, et qu’on ne sait rien de la vie, mais déjà tout. Ces enfants sont extraordinaires, pense-t-on d’abord. Mais non. Ils sont tout simplement des enfants ordinaires à qui on apprend à parler, à penser, à écouter. Qu’est-ce qui nous manque donc, à nous, pour que nous soyons aveugles à ce point ? Qu’est-ce qui manque à ceux qui nous gouvernent, de quelle taie sont-ils aveuglés pour ne pas voir l’évidence ? Ce film est lumineux, absolument lumineux, tellement lumineux qu’il en est éblouissant. Et il a tout simplement le mérite de nous montrer que c’est nous qui ne savons plus ce que c’est, la philosophie. Je me prends à rêver: si nous redevenions capables de comprendre que là est le début du sens, le début de la vie !
Un des effets de la philosophie, si elle est correctement enseignée, c’est la capacité de voir au travers de la rhétorique politique, des arguments fallacieux, des duperies, du fumisme, du brouillard verbal, du chantage par l’émotion et de toutes sortes de chicaneries ou de fausses apparences.
Isaiah Berlin en toute liberté, Entretiens avec Ramin Jahanbegloo, p. 49
(…) Les trois hommes [Proust, Freud et Spinoza] apportent précisément le maillon qui manque, dangereusement, au bel énoncé liant interpréter le monde et le transformer: l’écouter. Écouter la musique des êtres, leurs rêves, leurs angoisses, leurs combats. Leur refus de se laisser asphyxier par le monde de la valeur. « Ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas haïr, mais comprendre », écrit Spinoza dans son Traité de l’autorité politique. Entre interpréter et comprendre, il semble n’y avoir qu’une nuance. Elle est décisive, c’est toute la différence entre signification et sens.
Max DORRA, Quelle petite phrase bouleversante au cœur d’un être ?, p. 285