Je suis un grand admirateur de Nicolas Bouvier, en tout premier lieu pour L’usage du monde, dont je parle par ailleurs. Dans les entretiens réalisés en 1992, sur sept thèmes centraux dans son œuvre, il parle des écrivains qu’il admire. Il s’en explique d’une façon très éclairante.
Les écrivains qu’il admire sont
des gens qui vous donnent du courage. Ils ne vous donnent pas un style (…) Ils vous donnent le courage de vous mettre au travail pour essayer de redonner plus loin un peu du plaisir qu’ils vous ont donné. Tous les livres importants vous aident à régler votre mort. Et beaucoup de livres vous aident à vivre quand vous n’en avez plus le courage. Il y a des lectures qui vous permettent de relativiser des problèmes que vous avez énormément gonflés par insuffisance mentale. Et puis il y a des lectures qui vous bouleversent complètement et qui vous donnent le sentiment que votre vie entière est une sorte d’imposture.
Nicolas BOUVIER, Le Hibou et la Baleine, un film de Patricia Plattner, 1993