Le sens

J’ai déjà noté quelque part, il y a pas mal de temps, comment pour moi « la musique d’ensemble (…) est la manifestation de notre façon de vivre ensemble, de créer du lien, d’établir et de conforter le sens – comme direction et signification. »

Il paraît évident de rappeler pourtant que si le mot « sens », c’est la direction [vers un but, une destination, un projet, …], si c’est aussi la signification [qui fonde notre pratique, dans la compréhension des autres et l’appréhension subtile de notre propre engagement], c’est encore [devrais-je dire, d’abord ?] la sensualité: la musique, la danse, l’expression artistique quelle qu’elle soit, ont un lien indéfectible avec le corps, en tant que présence active, jouissante, heureuse [ce qui n’exclut pas la douleur, la peur, le désespoir parfois].

L’expressivité du sensible II

Ce post fait suite à L’expressivité du sensible. J’en tire des pistes de travail pour les chanteurs/chanteuses.


  • La recherche des sources d’expressivité dans la voix incarnée/incorporée. Le rapport au souffle, qui est la clé, le vecteur, l’instrument véritable. Le rapport au corps comme instrument complet, non clivé, « organisme-personne ».
  • Travailler sur les micro-mouvements (intérieurs et extérieurs). Développer l’attention, l’écoute interne, individuelle, mais aussi collective, en pratiquant les échanges de micro-mouvements (mobilisation pour autrui, de l’épaule, du cou, de la tête, du bassin, etc …).
  • Partager la sensation du toucher ; de la chaleur, …

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P D C – Posture, direction, contact

PDC est un petit outil que j’utilise depuis plusieurs années: Posture, Direction, Contact.

Pour le travail vocal de l’ensemble, voici ce que je rappelle régulièrement:

  • la posture: la position du corps, la stabilité, la bascule du bassin et la sensation du centre de gravité, l’attitude d’ouverture (épaules, bras, ventre, bassin, pieds), à l’identique de ce qu’on apprend au théâtre.
  • la direction : il s’agit d’adresser (symboliquement et physiquement) la voix, d’offrir la musique à l’auditeur, … Elle doit être orientée, dirigée vers …
  • le contact : c’est une autre façon de désigner ce que Daïnouri Choque nomme l’intensité. Il faut que la voix soit adressée avec assez de force, que le corps soit suffisamment engagé pour que l’on puisse ressentir ce contact (avec le son, avec l’espace). On peut utiliser l’image d’un contact [symboliquement] engagé avec un écran, avec un mur (celui de la pièce, de la salle, de l’église où l’on chante) sur lequel le son doit se ficher, s’accoler, …. Katelijne Van Laethem exprimait cela encore autrement. En néerlandais, elle utilisait le terme ‘uitdagen’, qu’on peut traduire par ‘défier, provoquer (en duel)’. Il s’agissait ainsi de défier l’espace, de chercher l’engagement – comme un duelliste – avec le lieu. L’arme, puissante, vive, lumineuse, c’est sa propre voix, son propre son.

Pour appliquer la formule de la PDC, il faut le double mouvement – contraire – de (re)centrage sur soi et d’ouverture. On revient toujours à ces fondamentaux.

Diriger ?

Juliette BINOCHE, interrogée par Jérôme Clément [À voix nue I, le 4 janvier 2010 – la première d’une série de 5 émissions captivantes, comme tout ce que présente Binoche].

A un moment, il est question de la direction d’acteur.
Diriger, être dirigé … ?

Diriger : drôle de mot, dit-elle, quel que soit le champ artistique. Pour elle, il s’agit plutôt d’un partage de vision, de sensibilité et d’écoute. Je retiens la proposition qu’elle fait, absolument convaincante: On ne peut diriger personne ; on peut inventer une relation qui permette des perceptions communes.