L’eau et la mémoire

(…) au moment de la plongée l’émotion qui étreint est toujours celle d’un monde entièrement étranger, qui ferme à la fois la bouche et les oreilles et où la peur semble être liée à l’absence de toute possibilité de parler. (…) Le fait que dans l’eau les traces soient vite effacées est en relation avec le silence abyssal. L’effacement rapide du sillage est le signe avant-coureur de l’engloutissement. Pourtant, et par cela même, l’eau, et surtout l’eau immobile et calme, est liée depuis toujours à la mémoire: là où tout est englouti, tout est peut-être intégralement conservé.

Jean-Christophe BAILLY, Le propre du langage, p. 64

Mémoires indiennes

Le film de Arthur LAMOTHE, Mémoire battante (1992), est un très long document sur ce qui restait de la vie traditionnelle des Indiens Montagnais dans le Nord Québec, à la fin des années 60 et dans le courant des années 70, au moment où il a réalisé ce reportage: la vie dans la réserve, la vie sauvage, la chasse, les pratiques rituelles (la « suerie », …) , l’évocation des rites (la « tente tremblante »), la langue, le vocabulaire extrêmement subtil qui touche à la nature, à la géographie des lieux, aux pratiques rituelles, …

En écho, je me souviens d’avoir vu, il y a quelques années, un autre film canadien: Voyage en mémoires indiennes, de Jo BERANGER (2004). C’est le long parcours du souvenir de l’acculturation violente subie par de nombreux enfants, arrachés à leurs parents, à leur vie, pour être « civilisés » de force dans des écoles animées par des congrégations religieuses.
Voir à ce sujet: les excuses officielles du gouvernement canadien, en 2008, comme condition de réconciliation.

Ce film présente aussi une expérience tout à fait originale d’école reprise et gérée entièrement par une communauté indienne du centre du Canada: le Blue Quills First Nations College. Un modèle (unique ?) de prise en charge de l’éducation des enfants des « peuples premiers », dans le respect de leurs traditions ancestrales. A voir.1

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L’eau vive d’Entraigues

Gravé sur la margelle de la fontaine d’Egliseneuve d’Entraigues – un endroit que j’ai trouvé très étrange, dans le Massif Central.

Celui qui aime les astres les guide vers l’eau qui leur convient

Il y a, juste à côté, une bien curieuse église, avec des chapiteaux peints, comme à l’époque des rassemblements processionnels ou des grands pèlerinages jusqu’à St Jacques. Elle est bâtie sur le site d’un temple gallo-romain, lui-même établi, semble-t-il, sur un fort courant d’eau profondément enfoui. Le rapport à l’eau vive est fréquent, sur un lieu de culte antique. Je trouve très belle la phrase gravée sur cette fontaine qui, elle, n’est pas ancienne. Mais qui reconnaît par là le mystère que l’on ressent en visitant ce lieu.

Les 5 éléments et l’écriture coréenne

Dans la symbolique occidentale, les 5 éléments sont l’eau, la terre, le feu, l’air et l’éther.

Cfr Hartmut et Gernot Böhme, Feu, eau, terre, air – une histoire culturelle des éléments, Munich 1996.2

Il est cité par Alain CUGNO, L’air, Seuil, 1999 (p. 91):

Il s’agit de retrouver le sens de la nature à la racine du sentir humain, de mesurer combien la compréhension des éléments est aussi celle de l’homme par lui-même. Le livre retrace la théorie des quatre éléments d’Empédocle à Lavoisier et la façon dont le microcosme humain en est le miroir. La conclusion est que nous avons perdu ce lien aux éléments et que cette perte est à l’origine de la destruction croissante de notre environnement. Ce qui s’est trouvé exclu est toute la dimension symbolique, et nous avons perdu du même coup les émotions qui se disaient à travers elle. Ainsi sommes-nous passés du feu de la passion à la chimie des relations psychologiques. Continuer la lecture de « Les 5 éléments et l’écriture coréenne »