Dante ANDREO

J’ai rencontré Dante en 2006, quand je l’avais invité à Lille pour diriger ses oeuvres, les commenter, les expliquer et faire partager sa musique. Nous avions eu le premier contact par son éditeur, je pense. Le Madrigal de Lille, que je dirigeais alors, avait à son répertoire une série de pièces que nous aimions beaucoup, notamment les Cantos (sur les poèmes de Garcia Lorca), la série de Noëls populaires d’Amérique du Sud, les Cantos andinos.

L’idée avait donc émergé rapidement d’inviter le compositeur, ce qui n’était pas si simple parce qu’il vivait alors à La Gomera, une des îles canariennes. Son voyage fut épique: à l’aube le bateau pour Gran Canaria, l’avion jusqu’à Madrid, puis le transfert manqué vers Bruxelles où je le vis finalement arriver après minuit. Continuer la lecture de « Dante ANDREO »

La fille en noir

J’ai le souvenir précis de mon entrée en poésie espagnole. La connaissance livresque que j’en avais jusqu’alors a complètement disparu derrière la révélation de ce moment de grâce.

En 1985, j’étais en Espagne dans le cadre de mon travail pour la fondation Europalia. J’étais responsable du programme d’échanges de jeunes entre la Belgique et l’Espagne. J’ai été invité par un lycée de la Communauté de Madrid à assister au spectacle préparé par des élèves qui, sur la scène de la grande salle du théâtre, disaient de la poésie espagnole. La première à se présenter fut une fille toute en noir, belle, vibrante, qui dit – d’une voix profonde et avec un talent dramatique bouleversant – la très ancienne complainte El enamorado y la muerte [L’amoureux et la mort]. Le ton était donné: tout le spectacle fut de la même qualité. Ma connaissance du castillan était bien imparfaite mais elle était largement compensée par le talent des étudiantes qui se succédaient sur la scène.

Ce jour-là, j’ai entendu pour la première fois la magnifique Elegia [Élégie]
de Miguel HERNANDEZ, dédiée à Ramon Sijé, le 10 janvier 1936.

Dès les premiers mots, l’émotion est immense …

Yo quiero ser llorando el hortelano
De la tierra que ocupas y estercolas
compañero del alma, tan temprano.