La corporéité

Fred Poché 1 souligne la place centrale du corps.

(…) nous n’avons pas, à proprement parler, un corps, mais nous sommes, chacun, un corps. Consentir à la corporéité, c’est laisser une place à la ritualité, au « contact » avec l’autre, au consentement à l’aide que peut nous apporter autrui et que nous pouvons lui apporter. 2(…)

Un appel

Adam PHILLIPS, un des plus brillants psychanalystes de notre temps, a publié un passionnant petit essai intitulé Trois capacités négatives 3. Ces « capacités négatives » – être un embarras, être perdu, être impuissant – fondent notre vie, quand elles sont reconnues et assumées.

Il parle du cri et cite Freud: « La voie de décharge [c’est-à-dire le cri, l’expression émotionnelle] acquiert ainsi une fonction secondaire d’une extrême importance: celle de la compréhension mutuelle. L’impuissance originelle de l’être humain devient ainsi la source première de tous les motifs moraux. »

Il poursuit:

La première fonction du cri est de tenter d’évacuer, de décharger l’excitation, ce qui ne peut marcher. Mais la fonction seconde est un appel – un moyen de communication ou de contact du « sujet impuissant » avec la personne qui s’occupe de lui. Cela installe une compréhension avec autrui probablement parce que cela engage à chercher, à imaginer ce dont le sujet impuissant pourrait avoir besoin. (…)