Un chant

À un journaliste qui enquêtait sur les besoins des Indiens Navahos, l’un d’eux expliqua : « Je suis un pauvre homme, je ne connais aucun chant. »

Jacques ROUBAUD, Partition rouge, p.11-12


« Désormais ça suffit ! », dit le Créateur de la Terre. « Il y aura des chants – il y aura toujours des chants, et chacun d’entre vous en possédera ».

Mythe maidu.

Mémoires indiennes

Le film de Arthur LAMOTHE, Mémoire battante (1992), est un très long document sur ce qui restait de la vie traditionnelle des Indiens Montagnais dans le Nord Québec, à la fin des années 60 et dans le courant des années 70, au moment où il a réalisé ce reportage: la vie dans la réserve, la vie sauvage, la chasse, les pratiques rituelles (la « suerie », …) , l’évocation des rites (la « tente tremblante »), la langue, le vocabulaire extrêmement subtil qui touche à la nature, à la géographie des lieux, aux pratiques rituelles, …

En écho, je me souviens d’avoir vu, il y a quelques années, un autre film canadien: Voyage en mémoires indiennes, de Jo BERANGER (2004). C’est le long parcours du souvenir de l’acculturation violente subie par de nombreux enfants, arrachés à leurs parents, à leur vie, pour être « civilisés » de force dans des écoles animées par des congrégations religieuses.
Voir à ce sujet: les excuses officielles du gouvernement canadien, en 2008, comme condition de réconciliation.

Ce film présente aussi une expérience tout à fait originale d’école reprise et gérée entièrement par une communauté indienne du centre du Canada: le Blue Quills First Nations College. Un modèle (unique ?) de prise en charge de l’éducation des enfants des « peuples premiers », dans le respect de leurs traditions ancestrales. A voir.1

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Hével

« Hével havalim », vanité des vanités.

En hébreu, la racine hbl a le sens d’exhalaison, respiration ténue, souffle, buée, vapeur, émanation, fumée, vent, bulle, bulle d’air et, par symbolisme dérivé, réalité passagère, vaine, de peu ou pas d’importance, …

(Jean L’Hour cité par Jacques Roubaud dans son petit livre intitulé Sous le soleil, qui présente une exégèse et une traduction du Livre de Qohélet, Vanité des Vanités).

Jacques Roubaud cite aussi Pierre Jean Jouve:

Voilà c’est tout
Et l’ourlet de la mer la poussée du feuillage la terrestre fanfare des montagnes
N’ayez pas peur de votre tristesse c’est la mienne
C’est la nôtre c’est la sienne
Ô grandeur
N’ayez pas peur voici la paix la vie la vie est admirable
La vie est vaine
La vie est admirable la vie est admirable elle est vaine

Admirables, ces quelques vers musicaux, qu’il faudrait pouvoir simplement chanter.
Ce n’est pas un hasard si le souffle de l’air y est associé. Le chanteur est dans le « rien », qui est tout.

Le nombre sacré des Indiens

Le nombre cosmologique sacré des Indiens d’Amérique du Nord est le 4, mais il se complète d’une cinquième direction:

(…) il y a 4 mondes, 4 directions, 4 saisons, quatre couleurs fondamentales, etc. Mais cette succession n’est ni une progression, ni un chemin, c’est un cercle. Elle tourne et regarde sans cesse vers son centre. Il y a quatre directions parce qu’il n’en est qu’une : le début est partout.

Florence Delay/Jacques Roubaud, Partition rouge

Pour les Guarani – un peuple indien de la région amazonienne, la terre est soutenue par 5 palmiers bleus 2: l’un occupe le centre, les quatre autres sont aux quatre points cardinaux.

Karai = Est, Tupan = Ouest; les vents bons = Nord; le temps originaire = Sud.

l’un occupe le centre, les quatre autres aux quatre points cardinaux. Karai = est; Tupan = ouest; vents bons = nord; temps originaire = sud.