Dans Voix off, Denis Podalydès évoque notamment la voix de Jean-Pierre Vincent (au Conservatoire de Paris en 1988). Il fait travailler les jeunes comédiens, avec une rigueur que Podalydès transcrit bien, dans une écriture hachée:
Il reprend la pièce entière, commente, argumente, alimente, sédimente, décèle l’impensé, chasse le préjugé, lutte contre le jeu en général, ce qui lui apparaît comme le comble de la convention bêtifiante: jouer en dehors de l’histoire, de la grande et de la petite histoire, dans une immobilité, une éternité sentimentale où seraient une fois pour toutes fixés les expressions, les émotions, les effets. Bercés dans et par cette illusion, nous nous croyons, nous sentons vraiment nous-mêmes, purs et sincères, délicieusement naïfs, fidèles à notre nostalgie d’enfance, nous nous laissons aller, rêvons, faisons semblant, ne voyons pas que nous sommes artificiels, vides, morts.
Un peu plus loin, c’est une belle leçon de théâtre, mais de ces leçons que tout musicien peut prendre: elle est paradoxale, apparemment; parce que nous n’arrêtons pas de penser, de croire et de tenter de faire croire, que c’est bien en nous, au plus profond, à l’intérieur, que se cache ce qui fait sens, ce qui donne chair à nos émotions, ce que nous avons donc de plus intime et de meilleur à partager.